dimanche 28 mars 2010

Timbales, doïch-ème et le Lounge

Je compose le 9.

« Recepção. »

« Sim, peço chamar um taxi se faz favor »

10 minutes plus tard, la Corolla défraîchie se gare devant l’appart’hotel. 890.000 bornes au compteur déclare Sérgio fier de son tacot. Il ne détient pas le record absolu, mais c’est quand même bien honorable.

« Rua de Arte se faz favor ».

Là-bas m’attendent quelques amis de la belle époque, dont un couple qui s’envole le lendemain pour la Suisse. C’est ça aussi le Mozambique, des amitiés qui se font et se défont au gré des missions, l’aéroport en majuscule et en point final.

La « Rua d’Arte » porte bien son nom. Il s’agit d’un bar en plein air qui occupe une petite rue dans le quartier historique de Maputo. De jour, de petits commerçants s’y affairent, et la nuit, c’est le hotspot de la « música ao vivo », traduisez musique live.

A l’entrée de la rue on m’annonce que ce soir, c’est les « Timbila Muzimba » qui se produisent. Je connais ce Groupe qui fusionne les rythmes traditionnels mozambicains avec des sons occidentaux. Il faut dire que leur renommée a dépassé les frontières, TM s’est déjà produit un peu partout sur le globe. La rue ne s’y trompe pas et se dandine aux rythmes des timbales et du couple basse-batterie relativement efficace. C’est dans cette ambiance que je retrouve mas amis et deux trois connaissances rencontrées depuis mon arrivée.


Aperçu des Timbila Muzimba sur scène

Quelques 2M (prononcez doïch-ème) plus tard, je fait déjà connaissance avec d’autres personnes. La 2M fait son office. Bientôt, je me la joue Barney dans HIMYM et sors quelques répliques bien retenues qui font mouche. En avais-je vraiment besoin ? « This is Mozambique ». Deux heures plus tard, mon couple d’ami décide de prendre la poudre d’escampette. Leur vol est à 14h et il reste les valises à faire.

Pas de problème, mon nouveau wingman nous embarque à 120 km/h dans les rues de Maputo, direction le Lounge, sa piscine, sa piste de danse en plein air et sa house métissée.

Maputo by night a changé. Pas l’esprit, juste la population. Le Lounge ressemble au nouveau clip de Jay-Z. Je suis sur FTV version africaine. J’ai mal aux yeux et mes oreilles sont en extase. Le son est bon, j’ai de beaux restes en Kizomba. I’m back. J’avais oublié comment était Maputo by night. Un mot, un seul, « legen... wait for it ...dary » comme dirait l’autre.

La plage du « A », des fœtus et puis s’en vont


Il a plu aujourd’hui à Maputo. C’est la deuxième fois que ça arrive en 10 jours, et le deuxième dimanche de rang. Ca ne s’invente pas, à Paris aussi on a le même problème. Une chaleur torride toute la semaine et dimanche… de la flotte. A croire que l’univers s’acharne contre le dimanche.

J’avais pourtant promis à Clara d’aller à la plage du « A ». Enfin, la plage de Macaneta. Mais pour Clara c’est la plage du A. Cela mérite une petite explication.

« Papa, on peut se baigner ? »
« Euh non chérie, l’eau est trop sale dans la baie de Maputo. Pour se baigner dans la mer, il faut aller à une plage plus au Nord ».
« Ah bon et elle est loin cette plage papa ? »
« Je te montrerai sur une carte pitchoun’ »

Rentrés à l’hôtel, je sors une carte du Mozambique avec le découpage des Provinces/Régions.
« Regardes la carte, la plage se situe à peu près là »
« Ah OK, c’est à côté du A ? » (elle pointait le A de la Province de Maputo)
« Oui pitchoun’ c’est ça, juste à côté du A »
Dans la semaine, Clara, me demande quand est ce qu’on va à la plage du A ? Pas capté sur le moment puis ça m’est revenu, la plage du « A ». C’est mignon.

Bref, réveil tardif, déjeuner au Maputo Shopping Center, et visite du Muséum d’Histoire Naturelle de Maputo. Rien d’exceptionnel dans ce musée, juste des animaux de la savane, empaillés, quelques poissons, une chèvre à deux têtes et une collection de papillons assez jolie. Clara avait particulièrement peur des fauves.

Le clou de la visite pour elle fut sans conteste les fœtus d’éléphants. En 1934, les portugais avaient décidé d’éliminer les populations d’éléphants autour de Maputo (Lourenço Marques d’alors) pour étendre les terres arables. Environ 2.000 têtes furent abattues. Un naturaliste qui traîna par là en profita pour conserver des fœtus d’éléphants à différents stade de gestation. Le Musée de Maputo conserve ainsi 6 ou 7 fœtus dans du formol.

Promis Clara, si l'univers ne conspire pas contre nous, nous irons à la plage du A la semaine prochaine, ou peut être au Kruger, voir de vrais animaux. Mais ça c'est une autre histoire.


dimanche 21 mars 2010

Magic Mouse

Spoiler : ce poste révèle toute la vérité sur la petite souris. Passez votre chemin si vous ne voulez pas savoir.

Tout est magique au Mozambique. C'est l'Afrique. Du guérisseur qui affiche en 4x3 la liste des maladies qu'il soigne, à côté de son 06 (euh 082 ici), en passant par les couleurs et la profondeur des cieux (Dieu qu'elle est épaisse la couche de pollution en RP), jusqu'aux petites souris besogneuses qui, ici aussi, passent sous l'oreiller des petits pour ramasser les dents de laits en échange de pièces, ou de billets, c'est selon. Clara l'a bien compris, l'Afrique c'est magique. Et c'est bien pratique pour les parents :p

Revenons en arrière de quelques jours. Nous étions au Mundo's avec la pitchoune. J'avais commandé un chicken burrito double gras (copyright Lavignasse) et Clara attendait son "nuggets com batata frita". Cela faisait quelques jours qu'elle me signalait que ses deux incisives bougeaient. Et l'une delle faisait des 360° dans sa bouche, elle en était arrivée au stade ou elle ne pouvait plus croquer correctement. Galère avec des nuggets.
"Papa, tu peux m'enlever ma dent STP?"
"Euh oui ma chérie, mais pas avant qu'on soit à l'hôtel, ça risque de saigner un peu".
"D'accord, pasque la dent elle m'embête, j'arrive pu à manger".

De retour à l'hôtel, face au miroir, j'explique à Clara que je vais appuyer d'un coup sec sur sa dent et qu'elle va tomber. Je lui rappelle que ça risque de saigner un peu mais que ce n'est pas grave. C'était sans compter sur la phobie du sang exacerbée qu'ont les enfants à cette âge là.
Une fois l'impulsion brève assénée à l'incisive, la gencive s'est mise à saigner fortement (et je rappelle que Clara se voyait dans le miroir). Les pleurs ont éclaté pendait que je disais à Clara de cracher dans le lavabo. Je croyais que c'était le sang qui la faisait pleurer, mais elle était surtout préoccupée par sa dent.

Merde, ou était la dent. "Craches Clara, craches". Mais on ne voyait pas la dent. La dent était déjà dans l'oesophage quand Clara se mis à hurler de plus belle. Shit, montée d'adrénaline, que faire.
"Pas comme Gauthier, papa, pas comme Gauthier"
NB: Gauthier, son petit camarade de maternelle en France, avait avalé sa dent pendant la récréation, cela avait traumatise tous ses petits camarades.

But off course, Mozambique is magic. En bon père de famille, j'avais gardé précieusement les autres dents de Clara, de e surcroît, elles étaient dans la valise. Petit doigt plaqué sur mon oreille, j'écoutait la petite souris pendant Clara pressait sa gencive avec du Sop'. D'un coup, la curiosité pris le pas sur le dramatique de la situation. Mes acquiescements à la voix imaginaire l'avait détournée de la dent avalée:

"Clara, la petite souris vient de parler à mon petit doigt"
"Ah bon? et qu'est ce qu'elle a dit?"
"Elle dit qu'elle peut faire réapparaître ta dent dans la salle de bains"
"Ah bon, mais comment elle va faire pour la sortir de mon ventre?"
"C'est magique Clara, les petites souris sont magiques au Mozambique"
(c'est énorme, je ressortirais la magie, c'est sûr)

Après un tour de passe passe, la dent solidement emballée disparu de la valise pour se retrouver sur le lavabo de la salle de bains.
"Viens Clara, je crois que la dent est dans la salle de bains"
"Nan c'est pas possible, elle est dans mon ventreeeuuuhhh (recrise de larmes)"

"Papa, papa, j'ai retrouvé ma dent"
"Oui ma chérie, tu vois je te l'avais dit, les petites souris sont magiciennes ici".
Enorme sourire sur le ce visage en larmes.

"Papa, je préfère les petites souris africaines, elles sont magiques".
Hell yeah ma chérie, vive l'alibi fourre-tout de la magie :-D
Le drame a été évité de justesse.


Clara moins une incisive, le visage encore marqué par les pleurs


Les souris mozambicaines donnent des billets de 50 méticais

From Vegas to la « Journée de la Francophonie »

C’était hier la journée internationale de la francophonie. Cette journée est traditionnellement précédée d’événements en tous genres. Dans le microcosme de Maputo, ce sont des expos, des projections, une kermesse et un tournoi de foot fort sympathique qui ont célébré la francophonie. L’info qui tue tout de même, le français n’est que la neuvième langue parlée dans le monde. J’aurais pensé mieux. Passons.

A mon niveau, ma participation s’est limitée au tournoi de la Francophonie. 16 équipes en tout genre qui s’affrontaient, avec 6 joueurs de champs et un gardien, sur des terrains format handball. Mon arrivée tardive à Maputo ne m’a pas empêché de trouver une place dans une équipe. Et quelle équipe : l’équipe de Belgique rebaptisée l’équipe des trappistes une fois. C’est donc sous les couleurs d’outre-Meuse que j’ai participé à ce tournoi réunissant toutes les nationalités. Notre poule était constituée de l’équipe du Maroc, du Portugal et de TIM, une équipe mozambicaine représentant une chaîne de TV locale. Verdict ? Deux victoires, un nul contre les portugais et un bon coup de soleil malgré la crème niveau 30. Une reprise de volée contrée (qui m’a valu d’être affecté au poste d’ailier droit les matches suivants :-p) et quelques passes parfaitement réalisées. Ca n’a pas suffit face à une équipe marocaine qui visiblement s’entraînait depuis un petit moment pour ce tournoi (perdu 1-0), et des mozambicains très physiques et réalistes (4-1). Tournoi très sympa somme toute, à refaire l’année prochaine avec un peu plus d’entraînement si on veut passer les poules :-D

En parlant d’entraînement, ceci s’adresse à mes partenaires hold’em restés en Métropole. J’ai depuis mon arrivée, participé à une soirée cash game hold’em no limit, cave à 25€. Furax les manos, ça mise dans tous les sens et il y a peu de place au bluff (ce que je reproche généralement au cash game d’ailleurs). Toujours est-il qu’il y a eut lors de cette soirée, un paquet de full, de couleurs, un carré, et un rythme de jeu acharné. Les gars ici jouent avec deux jeux, pendant que le dealer distribue, le joueur à sa droite mélange l’autre paquet, ce qui permet d’enchaîner les parties sans temps mort. « Pot is right », ah oui, j’oubliais, in english por favor. La table de 8 joueurs était composée de non-francophones dont un russe plutôt intimidant et une française de bon niveau. Je me suis senti comme de la bleusaille tout en sortant mon meilleur poker depuis bien longtemps. Ce qui n’a pas suffit, je me suis fait nettoyer par un mec en veine qui coup sur coup me sort, malgré mes KK et AK de cœur. J’ai super bien joué mais il a eut de la chance comme dirait mon bro’ resté à Argentueil :p On fera mieux la prochaine fois.

Home away from home

J’aimerais pouvoir le dire, mais non, je ne me sens pas encore tout à fait chez moi. Mes affaires n’arrivent que mi-mai, et en attendant, pas trop le choix, c’est hôtel ou hôtel. J’en ai changé, tout de même. J’étais dans un beau complexe hôtelier avec piscine énorme et tout le tralalala des 4 étoiles. Mais je n’avais qu’une chambre et une SDB. Vive donc le VIP Executive Suites et ses deux pièces. Au moins temporairement.

Cela ne m’empêche pas de poursuivre les visites d’appartements, et… des maisons avec jardin. Sisi, ça se trouve avec le budget que j’ai, (3000 dollars par mois). J’ai visité maisons avec jardin, et une maison avec piscine près du marché au poisson. Mon rêve de maison avec deux chats et une piscine reprend des couleurs :-D C’est normalement 200m² mini, avec 4 chambres dont deux avec salles de bains privatives, « ensuite » comme on dit ici. Bref, de quoi accueillir la famille et les amis.

Je reste quand même un peu sonné par les prix de l’immobilier ici. Car si un expat a du mal à trouver un appart avec un budget à trois zéros en $$$, comment fait la classe moyenne émergeante pour se loger? « Paciência » c’est bien là un sacré problème, créé en partie par la communauté expat, ses investissements et ses aides internationales. Je me souviens qu’en 2000, une villa dans le quartier résidentiel le plus recherché de Maputo tournait autour de 1500 USD par mois. La même, 8 ans plus tard, est louée environ 4000 USD minimum, 60 fois le SMIC mozambicain… La communauté expat a grossi, la classe moyenne mozambicaine également, et les grands propriétaires fonciers n’ont fait qu’accumuler des propriétés financées par les expats.

Jugez plutôt. Si j’achète un appartement 180.000 USD et que je le loue au prix du marché, soit 1500 USD, en empruntant 150.000 USD et avec un apport de 30.000, je peux emprunter sur 11 ans et couvrir mes remboursements par les loyers perçus. Sachant que la valorisation immobilière a été de l’ordre de +17% par an à Maputo depuis 2002, on peut raisonnablement penser qu’un appart acheté aujourd’hui continuera à s’apprécier d’au moins 5% par an au moins durant le mandat du Président actuel (soit jusqu’en 2015). SI j’achète 180k aujourd’hui, je revends donc 200k en 2012. A un TEG de 5%, je récupère 17k$ en 3 ans, pour 30k$ investis (j’oublie volontairement les taxes sur plus values immos). Mmmm, on comprend mieux comment fonctionne l’immobilier à Maputo. Et on imagine les pepettes réalisées par les petits malins qui ont investi en 2000, lorsque le même appartement valait 50.000 USD :O :O Ce qui me donne d’ailleurs quelques idées. On verra plus tard.

mercredi 10 mars 2010

Check in - check out

Gauloises Airways

On pourrait aisément penser qu’avec les tarifs prohibitifs pratiqués par notre chère compagnie nationale, l’excédent de bagage ne serait qu’une simple formalité, surtout sur un vol intercontinental. Que nenni, nada ! 1 sou est un sou, et un kg est un kg. Je ne connais pas le taux de change sou/euro, mais chez Air France, 1kg d’excédent = 30 euros.

CDG E, hall 7. « Pas de problème Monsieur Baptista, vous pouvez régler votre excédent avec vos miles ». Super, ça tombait bien, il m’en reste un paquet, et les porteurs de cartes flying blue savent bien qu’acheter un billet prime avec ses miles reviens à se prendre un billet chez Easyjet. Autant payer le supplément de bagages avec, et garder les 540 euros réclamés. « Désolé Monsieur Baptista, nous n’avons pas d’accords avec South African, vous pouvez payer avec vos miles mais vos bagages n’iront que jusqu’à Jo’burg » répète inlassablement la tête à claque chargée des encaissementschez Air France. « Je ne peux rien faire à mon niveau, voyez avec la Leader chargée des enregistrements. Foutage de gueule ? Oh que oui. « Si vous videz votre valise dans les sacs plastiques Air France et que vous les trimballez en cabine, nous ne vous facturerons pas de supplément ». Vive les leader Air France et leur sens du commerce. Va pour les sacs plastiques… et l’étiquette qui va avec : au barrage de sécurité, « vous allez à Moscou ? »… manouch’touch sur le front, on arrive enfin à bord de notre avion.

Hoyo Hoyo - Bienvenue au Moz

Après une brève escale à Johannesburg où un Mandela géant nous a accueilli, le hoyo hoyo mozambicain allait prendre toute sa signification. Sourires à la douane, accent du soleil, température dépassant les 30°c, « Epá » en pagaille, iiiisssshh, que c’est bon de retrouver la « Terra da boa Gente ». Installés dans un complexe avec piscine, salle de sport, spa, Clara et moi nous remettons progressivement de l’épisode sacs plastiques. Cela ne fait pas 24h qu’on est là, et on a déjà visité deux maisons, l’école française, bu quelques 2M, mangé du poisson, repris contact avec de vieilles connaissances, retrouvé le sourire figé que portent les expats ici. On se sent bien. Moooçççambiquiiiih, é maningue nice (traduisez Mozambique, c’est d’la bombe de balle de boulette, ou en français, c’est terrible !).

L’école française

L’ école de Clara dépasse toutes nos attentes. Leur site web n’est pas à jour. Au programme pour elle, des cours en Français deux jours et demi par semaine, et en anglais ! le reste du temps. Les instits sont titulaires de l’Education Nationale, assistés par des ATSEM bilingues anglais et/ou portugais. Ma pitchoune va donc repartir trilingue du Moz. Quant aux installations de l’école, breathtaking comme on dit chez les sudafs. Piscine semi-olympique à l’air libre, salles de sport en veux tu en voilà, matériel dernier cri, salle informatique et médiathèque bien achalandée (j’y ai repéré quelques BD ;-). La classe de Clara est très métissée, 14 nationalités sur 21 élèves. La classe de grande section de maternelle est chargée rappelle rappelle le commercial/directeur de l’école, mais une nouvelle classe de CP va ouvrir l’année prochaine, ils seront moins de 15 par classe dit il non sans une certaine fierté. Hum, dois je lui parler de l’épisode de la rentrée 2009 où l’Education Nationale voulait fermer une classe dans l’école de Clara ? Pas la peine d’insister Monsieur le Directeur, je suis convaincu, Clara va être très bien dans cette école.
Quant aux logements, hum, rien à voir avec 2002. A moins de 2500 doll’, t’as plus rien. Mon rêve de maison indépendante avec 4 chambres prend donc fin. A moins d’accepter la mitoyenneté, mais dans ces cas là, autant prendre un appart en plein centre avec vue sur Mer. Je n’ai vu que 2 maisons pour l’instant, j’en vois d’autres demain. Suite donc au prochain numéro.

« Até munzunco » comme on dit ici.

PS : je chargerais des photos quand j’aurais une bande passante un peu moins pourrave.