jeudi 2 septembre 2010

Chaos à Maputo...

Voilà le gros titre des quelques médias qui se sont intéressés au sujet. La vérité est tout autre. Même si ça reste assez chaud.

Tout a commencé par des sms qui ont été relayés mardi dernier. Toute la population était appelée à faire grève contre la vie chère à Maputo. Avec un smic a 50 € et le sac de riz a 40€ on comprend parfaitement que la population n'en puisse plus d'être à genoux. La monnaie nationale a été dévaluée de manière importante ces derniers mois. A l'inverse, le Rand, monnaie sud africaine, s'est enchérit. Quand on sait que la plupart des importations viennent de la nation arc en ciel, on comprend la flambée des prix récente.

En quelques heures, toute la banlieu s'est enflammée. La population, spontanément, sans syndicat, parti politique ou tout autre leader, s'est soulevée et à bloqué les accès à Maputo. Pneus, troncs, voitures, barques, poubelles, tout ce qui to,bait sous la main était utilisé pour bloquer les accès à Maputo. Asphyxier, pour mieux faire comprendre au Gouvernement le ras le bol général.

Mercredi après midi, le ministre de l'intérieur s'est exprime particulièrement diplomatiquement en indiquant que les manifestants pouvaient continuer, que le Gouvernement ne cèderait pas.

Quand on sait que 60% du budget du Gouvernement sont des donations du Nord, on comprend bien que les caisses ne permettent pas de juguler cette flambée des prix. Mais c'est aussi la corruption galopante qui est mise à l'index, et tout un tas de mesures récentes qui sont jugées injustes par la population. Je ne m'étendrais pas dessus, l'internaute curieux saura les dénicher sur le net. Le rôle de votre humble narrateur n'étant pas celui ci.

Les événéments continuent à l'heure ou j'écris ce billet. Il y a deja au moins 6 miorts et près d'une centaine de blessés. Les hôpitaux ne font pas face car leur personnel vivant pour la plupart en banlieue, ne peut pas se déplacer. La nounou de Clara a sa maman a l'hopital et elle doit aller la nourrir tous les jours. Elle m'a dit que les malades avaient faim, demain, j'achete 50 petits pains et après les avoir beurrés, elle ira les distribuer.

Pour notre part, nous sommes à la maison, centre ville de Maputo. Il ne s'y passe rien. L'essentiel des commerces et des administrations est fermé, nous avons fait nos provisions. Tout est calme, on dirait un dimanche.

L'anecdote que peut etre certains d'entre vous attendaient.
J'avais la visite du Directeur Commercial Afrique de notre Groupe cette semaine. le malchanceux avait déjà programmé son voyage au Mozambique il y a quelques temps et avait du l'annuler pour cause de nuage volcanique en Islande.
Puisuqe tous nos RDV commerciaux ont été annulés faute de clients à visiter, j'ai vivement inviter mon supérieur à plier bagages aujourd'hui plutot que samedi.
15h30, mon collegue me confirme qu'il y a un vol a 17h30. Nous fonçons à son hotel, check out efectué en 10mn.
Sur la route de l'aéroport, je découvre ce qu'on ne nous montre pas aux infos locales : des routes carbonisées mais déblayées de leurs débris par des bulldozers, une cinquantaine de barrages incendiaires avaient été improvisés dans la nuit. On nous dit qu'il faut une escorte pour aller à l'aéroport. Un taxi en vient, il me dit que c'est safe.

A la vue de tout ce goudron calciné, je ne suis pas rassuré, mais mon boss lui, briscard africain, continue à me parler boulot. Je n'ai qu'une envie, le jeter à l'aéroport et faire le chemin inverse avant la tombée de la nuit.

Entre temps, mon adjointe m'appelle. Elle fait des courses et me propose de de faire le plein pour moi comme on en avait discuter le matin. Maputo étant asphyxiée, on ne sait pas combien de temps cela peut durer.

Je jette mon boss a l'aeroport. SOn billet n'est pas echangeable, il est 16h15, le check in ferme dans 30mn. Un coup de Visa premier et voila mon boss pres pour le check in, me parlant de nusiness au Moz pendant que lui montre les gros titres du journal "O Pais" avec une photo particulièrement flippante.

Après un bref au-revoir, je remonte dans la voiture et fonce a toute berlingue sur les routes calcinées. Il ne s'est pas passé une heure depuis qu'on a quitté l'hôtel, et déjà des groupes se sont formés, des pneux brulent. J'arrivent a une intersection, autour, des bidonvilles, des passants. Tout a coup, une fusillade éclate... les mamas se jettent a terre, mon compteur indique 90 mais je me baisse pendant 5 bonnes secondes sans regarder ou je vais. Je roule sur cette 2x2 voies quasi déserte et ne m'arrête pas aux feyx. Belle frousse. Etait ce une fusillafe, des pneus qui éclataient? Je ne le saurais probablement jamais. Mais les mamas et moi avons pris le partie de rendre grâce à la pesanteur.

Nouveau coup de fil. Les courses ont été fairtes. Pour aller les chercher je dois emprunter la marginal, cette avenue de 10 km qui se love sur le littoral. A peine arrivé sur l'avenue, hallucinant : une bande de potes fait du kite surf, des barraques sont bondées de gars qui enchainent les bieres, d'autres se baignent. Ce férié providentiel est vécu bien différemment par les nantis de Maputo. Ne regardent-ils pas les journaux? ont ils juste l'habitude? Le contraste est saisissant. Hier, à 5 km de là, des flics a cours de munition en caoutchouc tirait sur la foule et faisait 6 morts au moins.

Me voila chez moi, avec de quoi tenir 15j a la maison. Les chaines locales disent que c'est plus calme ce soir. Le Gouvernement et les autorités religieuses appellent au calme. On verra demain.

En attendant je vous mets quelques photos et quelques videos tournées sur les événements. Et rassurez vous, nous sommes dans un quartier particulièrement tranquille, on dirait que c'est dimanche, c'est tout.

Grosses bises.





mercredi 11 août 2010

Whale watch

Just an ordinary day in Maputo.

Je sais que ça doit en énerver plus d'un. Et pourtant, de Juin a Octobre, c'est la saison des baleines à bosses. Je ne vais pas retranscrire ici la transhumance si bien décrite par Thalassa, Ushuaia and co... long story short, les baleines à bosse se nourissent en Antarctique et remontent le long du canal du Mozambique (entre autres) pour assurer la descendance. Pendant de longs mois, ces mammifères énormes ne mangent rien et ne baignent dans les chaudes eaux de l'indigo que pour s'accoupler et mettre bas.

On en parlait depuis quelques semaines avec mon ami. Il bosse au Ministere des peches a la surveillance des peches illegales en eaux mozambicaines. Les scientifiques sur l' ile d' Europa, les observateurs de Mada, tous lui disaient qu'elles étaient là. Manquait plus qu'a attendre le bon jour.

Dimanche dernier, un de ses couples d'amis, la soixantaine, elle zimbabwéenne, lui angliche, vivant au Mozambique depuis 25 ans, nous ont emmené sur leur bi moteur pour admirer les baleines. Poulet piri piri, samoosas aux herbes et autres specialités locales dans la glacière, tout etait fourni par notre skipper et son epouse. Nous n'avons fourni que le liquide.

Après une bonne heure de mer, propulsés par les deux Yamaha 85, nous croisons le cap Inhaca et son phare inutilisé depuis des lustres. C'est ce cap qui marque l'entrée de la baie de Maputo. Là git un bateau rouillé par 35 ans de contact avec les eaux. Seul le moteur dépasse le niveau de l'eau.

On pensait tourner, galerer, mais apres seulement 5 minutes en mer, le matériel indiquait 60 metres de fond, et elles étaient là. Les baleines nous attendaient.

Une veritbale partie de cache cache s'est engagée, les baleines ne remontant a la surface que pour prendre deux inspirations et disparaitre pendant 10 minutes. Elles reapparaissaient a 2 miles de la. Moteurs a fond, nous les retrouvions avant qu'elles nous échappent a nouveau.

C'est en les poursuivant comme cela qu'on s'est rendu compte que la zone était peuplée de dizaines de specimens. Il y en avait partout, tout autour de Baixa Denae, une espece de recif au milieu de la mer qui remonte des fonds a 30 metres, au milieu de tombants descendants a 100.

Apres quelques heures a se sentir tout petit, nous sommes rentrés sur Maputo en croisant par Punta Maria, une réserve marine ou le snorkeling est parait il excellent. Pas testé, l'eau est a 22 en ce moment... brrr

Quelques photos et une video suivent. Enjoy.






lundi 26 juillet 2010

Tranches de vie.

Quelques anecdotes en vrac pour vous donner une idée des personnages qui font mon quotidien ici.

Empregada

Ah l'empregada. La mienne s'appelle Dona Inacia. La quarentaine, 80 kgs bien tassés, c'est la dame qui garde Clara et qui s'occupe de la maison. C'est elle qui d'un coup de baguette magique transforme mon appart dérangé en un loft rutilant. C'est elle qui prépare les meilleurs crevettes piri-piri de Maputo quand je prend ma pause déjeuner en semaine. C'est elle qui mutliplie le prix du kilo de tomate par deux a chaque fois qu'elle va faire des courses. C'est encore elle que Clara appelle Dona, tout simplement, et qui fait un peu partie de la famille désormais.

Le vendeur de cigarettes
J'ai un vendeur attitré. Il est toujours au croisement de l'avenue 24 de Juillet et la Julius Nyerere. Il me hele tous les jours et me vend la cartouch de Malback a 600 meticais, 550 dans les bons jours (10/12 EUR). C'est lui qui se rue sur ma voiture des que je m'arrete pour prendre de vitesse ses concurrents. Il n'a jamais de troco (monnaie) et s'arrange toujours pour me refourguer un ou deux paquets de plus pour que le compte soit rond.

Le garde en bas de chez moi.
Je ne connais toujours pas son prénom. Tout sourire, il me dit bonjour avec une banane de guedin. Il me demande tous les jours de laver ma voiture, qu'elle soit sale ou pas. 50 meticais le lavage en 30mn, wax compris (1 EUR environ). Et on me dit que je le paye trop... Guess what, ma voiture brille non stop.

La femme de menage au boulot

Une petite dame toute frele. Le visage travaillé par les épreuves. Elle fait du mieux qu'elle peut pour que nos bureaux soient propres. Mais avec tous les gars des opérations, c'est pas une tâche aisée. Elle est adorable, fragile, on sent que sa vie n'est pas facile tous les jours. Mais elle est toujours tout sourire, chante des chansons populaires mozambicaines dans les beaux jours.

La fameuse N.
Une agent immobilière qui connait le tout Maputo. Baptisée "fille de Bob marley" il y a dix ans, tout le monde l'appelle Nikita, Ninita pour les intimes. c'est elle que j'avais vu a Paris en aout dernier et qui avait ravivé les souvenirs du Moz. Adorable, cultivée, haute comme trois pommes, elle fait partie de ces gens qui vous font adorer cette population.

Maputo le samedi matin sur une terrasse
Galão - tosta mista, je prend mon petit déj près de chez moi sur la 24 de Juillet. Le livreur d'oeufs qui approvisionne mon boulanger patissier attitré, des femmes qui s'affairent aux courses, des empregadas qui passent avec des bouteilles de gaz sur la tête, des gamins qui chahutent, des after clubbers lunettes vissées sur le nez qui rentrent chez eux, le libanais a la caisse qui lorgne sur la serveuse, les voitures qui passent a 30 et qui se font klaxonner, l'odeur des acacias, le gars bourré à 9h qui chauffe la vendeuse de clopes a l'unité, le couple qui fait ses emplettes.

Le miramar
La carte est sommaire. Tout est servi grillé. Poisson "vermelhão" et crevettes. Le seafood platter for one serait servi pour trois sur les champs. Les pieds dans le sable, je savour mon vinho verde en mangeant mon poisson. On est samedi midi, le week end commence. Les vendeurs a la sauvette proposent des objets artisanaux, des femmes vendent les cachuetes grillees du matin ou des cajous au piri piri. Les gamins jouent dans le sable, près de l'air de jeu. L'écran géant retransmet la coupe du monde. A conta por favor. Il est l'heure d'aller marché sur la plage et contemplé cette ville si particulière, aux immeubles haut perchés sur cette falaise qui tombe abrupte dans les eaux de l'Indigo.

10 mn chrono.
Le temps que je mets porte a porte pour aller au boulot.

La mosquée de la Baixa
Elle est face a nos bureaux. Le vendredi est particulierement busy. Je me suis fait mainetant aux appels a la prière. Apaisants, ils sont marrants parfois. Le muezzin n'est clairement pas un chanteur lyrique et fait parfois des fausses notes. Fendard.

J'en oublie des tonnes... a la prochaine.

Marrabenta rules...

Mon post précédent serait incomplet si je ne rendait pas hommage à un groupe qui me fait frissoner, un groupe de Marrabenta : Ghorwane. Je sais que la majorité d'entre vous ne sait pas de quoi je parle, une petite vidéo chopée sur Youtube devrait vous mettre dans l'ambiance... This is Maputo night life. Be prepared if you wann come one day.

Abraços,

Moreira Chonguiça

Les choses ont changé à Maputo. Musicalement parlant, on est loins du Marrabenta traditionnel que j'avais l 'habitude d'entendre il y a 10 ans. Place au Jazz et au son moderne. J' avais posté il y a quelques temps un billet sur 340ml que certains d'entre vous ojnt entendu sur les ondes de Nova. Eh bien, il faut croire que le son Moz connait sa nouvelle vague musicale.

Vendredi soir, la CFM, gare ôh combien emblématique de Maputo par son architecture et son histoire, hébergeait le premier concert de Moreira Chonguiça sur sa terre natale. Après avoir reçu un nombre de prix impressionnant en Afrique du Sud, et au Cap plus particulièrement (terre emblématique du Jazz contemporain en Afrique), Moreira nous a offert un concert de toute beauté, agrémenté d'un public ultra communicatif et acquis à sa cause.

Moreira renoue avec le passé de Maputo, Lourenço Marques d'alors, qui attirait écrivains, musiciens et autres faiseurs d'opinion en tout genre, venus profiter de la douceur de vivre de ce petit bout de terre en terre Indigo. Moreira redonne ses lettres de noblesse au Jazz Mozambicain et enflamme les foules.

Une petite vidéo enregistrée lors du Mozambique Jazz festival suit. Elle illustre parfaitement la nuit proposée dans certains bars de Maputo.

Enjoy...

mercredi 2 juin 2010

Alfândega e Migração

Traduisez Douanes et Immigration.

Il m'est arrivé un truc assez fendard. Une aventure comme seule l'Afrique (à ma connaissance) sait en offrir.

Je vous ai raconté que j'étais allé au Swaziland début Mai? Eh bien, en sortant du pays, j'avais embarqué le passeport de Clara pour le faire tamponner, même si la pitchoune ne m'accompagnait pas. C'était d'ailleurs passé comme une lettre à la poste (j'avais raconté que la petite roupillait dans la voiture...).

Bref, je ne sais pas vraiment pourquoi, oh puis si, cf mon post "busy, busy", mais j'ai complètement zappé que mon visa arrivait à expiration le 1er Juin. J'étais convaincu que c'était le 4 et j'avais déjà prévu un aller/retour à la frontière cette semaine pour en avoir un tout beau tout neuf. Mais ce matin en regardant les dates, c'était bel et bien le 1er Juin. Le 2 juin est donc ma première journée de clandé au Moz...

Bref, je demande à ma super comptable qui a des entrées à la Direction de l'Immigration si elle peut faire quelque chose. Après quelques coups de fils, T. revient vers moi et m'annonce qu'il n'y a qu'une solution, me taper les 70 bornes de routes sinueuses et cabossées pour rejoindre Namaacha, ville frontalière où on règlera mon souci. Soit. La journée était chargée, j'irais à 17h, juste à temps pour rejoindre la frontière avant quelle ferme.

Je n'aime pas conduire la nuit au Mozambique, et ici en hiver, il fait nuit à 17h30. A moi les camions sans feux et les riverains habillés en sombre que même en pleins phares tu les vois pas quand ils traversent.

J'arrive à 19h15 à la frontière. J'explique la situation à la douanière qui me dit :

"Mon fils, tu vas te prendre une grosse grosse amende" "Non seulement tu es clandestin au Mozambique depuis 24 heures mais en plus tu me demandes de tamponner le passeport de ta fille alors qu'elle ne t'accompagne même pas. Tu vas dormir ici mon fils."

Bon, j'ai l'habitude de cette technique de négociation où la partie adverse te dresse un tableau tellement noir, que tu trouveras la proposition qui suit excellente alors que tu te fais bien carroter. Elle continue.

"Si tu veux que je te dépannes, c'est 3000 par passeport et je te refait un visa ni vu ni connu avec les tampons qui vont bien".
Wow, ça fait quand même 150 euros au total. Elle n'y va pas de main morte la mémère (qui soit dit en passant, s'exprime haut et fort au milieu de ses collègues qui ne bronchent pas vraiment, la corruption, le "jeito", l'"ajuda", c'est normal ici).

A coups de "tà bom, tou a pedir" et autre petites serenades épicées en sourires convenus, j'arrive à tomber l'addition a 3000.

"Soit, maintenant va faire tamponner tes passeports côté Swazi..."

Merde, ça ferme dans 10 minutes. Et je dois y aller à pied si je veux éviter les formalités douanières de la voiture.... Me voilà à courir en chaussures de ville dans le no man's land qui sépare les deux pays.

Côté Swazi....
"Good evening Ma'am. Left my child with her mom on the other side. Did not want her to run with me."
"OK BUT YOU MUST PAY".

La messe est dite. Va pour 50 emalangeni (5 EUR) et les tampons entrée/sortie qui vont bien... Le Swazi serait contaminé par le Moz?

Retour côté Moz, un peu essouflé par cette cavalcade nocturne. Ma douanière préférée me branche et me demande si je n'aurais pas un parent à lui présenter. Les visas sont en préparation, elle a du temps à tuer. Elle est un bon parti selon elle, possède trois maisons près de Maputo, est véhiculée, a trois enfants. Elle est veuve et a un petit penchant pour le pinard (ce que ses collègues confirment bien volontiers en parlant plutôt de whisky). Elle dit manquer d'affection, et ses collègues se marrent. Une petite dispute éclate entre deux douaniers visiblement amants, des remarques fusent. On se croirait dans un troquet, une barraca. La scène dure 20 bonnes minutes. On se raconte nos vies. Tout le monde se marre.

Ma douanière préférée me demande ensuite de lui présenter un "madala" (vieux) de mon entourage. Quelqu'un qui aurait besoin d'etre entretenu (!) mais qui lui donnerait beaucoup d'affection en échange. Elle me demande de la prendre en photo avec mon téléphone et insiste à me donner son 06. Elle veut que je lui présente mon darron ou un oncle. Je ne mettrais pas la photo ici, mais la coquine a même censuré les mauvaises prises. On croit rêver ! On papote, on rigole, les douaniers se taquinent entre eux, c'est la fin de journée et tout le monde est content de m'avoir chipé mes 3000. Je repars avec mes visas sous le bras avec le sentiment tout de même, que ça aurait pu être bien pire, (j'aurais probablement payé le triple à Maputo) et Dieu que je me suis marré.

Sourire aux lèvres, je repars avec un reçu pour le bakchich que j'ai du lâché (faut pas pousser c'est quand même à la boite de payer), et avec la paradoxale sensation d'avoir passé un bon moment à me faire taxer...

Bien le bonsoir amis lecteurs.

dimanche 30 mai 2010

340ml



Peut être que certains d'entre vous ont entendu leurs morceaux sur les ondes de Nova (ils étaient playlistés en Avril). Ce groupe mozambicain basé à Johannesburg se produit a Maputo a l'heure ou je vous ecris. Pitchoune oblige, pas moyen d'aller y assister... Et pourtant, les concerts au coconuts sont toujours énormes !

Ils sont en tournée en France cet été, foncez y les yeux fermés.

Je mets quelques liens pour ceux qui ne connaitraient pas (le premier clip est tourné a Maputo)

La bise



Busy, busy...

I am busy, very busy. Things are hectic here. I don't seem to be able to find time to just relax.

Ouai, je les ai toutes utilisées ces excuses. A vrai dire, c'est vraiment la course en ce moment. Au boulot d'abord. Une compta 2010 a reprendre (avec une comptable qui sait a peine faire une addition), la formation de mes deux "adjoints", dont un débutant dans l'univers de la logistique, le déménagement de nos installations, avec tout ce qui va avec (travaux dans les nouveaux locaux, négo avec l'ancien et le nouveau proprio, tri du merdier laissé par mes prédécesseurs) et tout ça pendant la saison haute de notre activité... Hard to keep up with emails and stuff. Enfin, heureusement, les week-ends sont là pour décompresser.

Mais bon, pas moyen de sortir du pays pour le moment... J'ai un visa entrée simple au Moz, et je dois le renouveler tous les mois à Maputo. Jusqu'à ce que j'ai un visa de résidence. Donc pas moyen d'aller en Afrique du Sud faire des courses, montrer le Kruger a la pitchoune... Arf. Plus que quelques semaines (le temps que mon extrait de casier judiciaire arrive de France et que le process soit lancé) et ce sera bon.

Pour terminer, mon déménagement qui vient tout juste d'accoster au Mozambique. Trois mois pour arriver à Maputo... Allellujah !

Voila en vrac mes news. N'hésitez pas a en envoyer.

La bise.

lundi 10 mai 2010

Have a seat... Sente-se por favor

Je vous retranscris un reportage photo d'un pote infographiste a Maputo. Une vision assez intéressante des receptacles à postérieurs éparpillés un peu partout à Maputo. Certaines photos en disent long sur Maputo et les popotins qui se posent sur ces chaises souvent improvisées. Popotins appartenant pour la plupart aux vendeurs de rue, aux gardes résidentiels.
Perso j'ai adoré.
Enjoy
































dimanche 9 mai 2010

Mswati III, Roi du Swaziland

Quelle bizarrerie que ce petit Royaume. A peine plus grand que l’Ile de France, ce pays cumule les particularités et reste néanmoins une destination touristique particulièrement intéressante. . Dernière Monarchie Absolue d’Afrique, ses traditions méritent d’être reprises ici.

Commençons par le roi Mswati III. Couronné à l’âge de 18 ans en 1986, il est le 67ème fils du roi Sobhuza II. Ca fait beaucoup d’enfants me direz vous, eh bien, disons que la tradition swazi devrait ravir les fantasmes des plus lubriques d’entre vous : le Roi est d’une part polygame, et peut, à souhait, choisir une nouvelle épouse tous les ans. Cela se produit lors d’une cérémonie annuelle appelée la Reed Dance durant laquelle les Swazi vierges qui le désirent, dansent devant sa majesté. En 2005, Mswati avait douze épouses, deux fiancées officielles (avec lesquelles il n’a pas encore eu d’enfant, le statut d’épouse venant uniquement après la naissance d’une descendance) et vingt-quatre enfants. Une vidée sur la reed dance 2008 suit.



J’étais au Swaziland le week-end dernier. Pas pour une Reed Dance, non, mais pour visiter ce pays particulièrement joli et varié soit dit en passant (savanes, chaine de montagnes, foret tropical, et tout cela dans un territoire aussi petit).
Le contraste avec le Mozambique est saisissant. Le Swazi est un pays de fermiers et d’éleveurs. Les troupeaux de vaches à viande et les étendues à n’en plus finir de cannes à sucre sont là pour le montrer. Côté Mozambique, ce n’est que savane et monts inexploités. Côté Swazi, la densité est plus forte et c’est visible.

Notre lieu de chute était le parc Mlilwane, célèbre pour sa manière insolite de découvrir la faune africaine : en VTT, à cheval ou en rando. Oui, oui vous avez bien lu. Mais rassurez-vous, d’après le personnel, le seul fauve qu’il y a dans le parc est un léopard avachi. Pas de gros mammifères non plus. Soit. Après une nuit bien fraîche dans un lodge gigantesque, notre petit Groupe a préféré prendre le 4x4 pour visiter la réserve. Il faut dire qu’elle est vallonnée et qu’on était pris par le temps. Nous devions aller faire quelques petites courses. C’est justement en faisant ces courses que nous sommes tombés sur un endroit tout à fait insolite : la House of Fire. Cet espèce de lieu multi artistique regroupe des coopératives d’artisans, des musiciens, des artistes peintres, deux troupes dans un lieu unique. Une espèce de domaine au milieu des cannes à sucre, avec un bâtiment principal rappelant beaucoup l’architecture de Gaudi. Il y a là des enchevêtrements de salles, d’espace, un imbroglio de colonnes et de murs qui mènent tous à des scènes. Nous avons d’ailleurs appris que s’y jouait un festival musical tous les ans, regroupant toute la crème de la musique d’Afrique Australe. Le prochain a lieu à la fin Mai, et j’en serais c’est sûr. Une courte vidéo de l’édition 2009 suit (sponsorisée par des marques de préservatifs, 36% des adultes sont atteints au Swaziland… ça fait froid dans le dos)

Take care

Maputo I Love You

J’avais oublié. Volontairement c’est sur. J’avais oublié. Tous ces petits détails qui font du quotidien à Maputo un dépaysement de chaque instant.

La langue d’abord.

Ou devrais je dire les langues. Mais surtout au portugais auquel je pense. Cette langue maternelle que je maîtrisait si mal avant de vivre ici, et que j’ai réussi à améliorer au fil du temps, en l’enrichissant de toutes les onomatopées si caractéristiques du parler mozambicain. On y trouve le xiiiiiii ?! suivi d’un point d’interrogation ou d’exclamation, c’est selon. On pourrait le traduire par ouaaaaah ou énorme. Et que dire du tss-tss, cette abréviation du com licença qui a du prendre quelques décennies avant d’être réduit au simple tss-tss. On l’emploie pour appeler quelqu’un ou attirer son attention, ou tout simplement dans un hypermarché, lorsqu’on demande à la personne a qui on s’adresse de nous laisser passer. Le aannnhh, marque le désaccord, et si je vous mmhhh, j’abonde dans votre sens. Le heiiiii lui, si vous l’entendez un jour, signifie un refus catégorique, avec une touche de « comment as-tu pu penser cela, ou demander cela ». Il y en d’autres, mais ceux là sont les plus utilisés. Le Petit Futé devrait y faire référence dans son guide, car s’il existe plus de 20 parlers du Nord au Sud du Mozambique, ces sonorités sont elles, tout particulièrement universelles dans ce pays.

Outre les onomatopées, le portugais est chanté ici. Sur un rythme langoureux, les consonnes sont arrondies, adoucies, contribuant à donner un air très sympathique à votre interlocuteur. On pourrait dire que le portugais a subi ce qu’on réserve aux fruits qui entrent dans la préparation du smoothie. Le portugais ici, c’est un smoothie de chaque instant, rafraîchissant, vitaminé, ensoleillé. De quoi donner la pêche et la banane à chaque instant.

Les sourires ensuite

Certains disent que ce sont les effets de 20 ans de guerre. De libération d’abord, et intestine ensuite. Je veux bien le croire. Après 20 ans d’horreurs, de malheurs, on peut comprendre que le peuple mozambicain soit aussi souriant, gentil et accueillant. Tous les jours j’en témoigne. Les gens sont d’une accessibilité ici, quel que soit leur niveau social. Toujours prêts pour un brin de discussion, en tout lieu et à toute heure. Taper la discut’ dans la queue de l’hyper, au guichet de la banque, avecle serveur. Des échanges simples qu’on a une certaine tendance à éviter en RP. Et Dieu que ça fait du bien de pouvoir prendre le temps. Les mozambicains en ont fait un art de vivre. Pour travailler avec eux, il faut l’avoir intégré.

Et le sourire, God, le sourire. Je suis tous les jours sur le cul de voir autant de sourires sur les visages d’une population si pauvre, si oubliée sur l’échiquier international, si écartée des richesses nationales. De la grand-mère qui fait la manche au feu près de mon bureau, aux jeunes ados qui déjà, à 12/13 ans passent leurs journées à collecter sur les routes le sable chahuté par les averses tropicales pour en faire des parpaings, au coiffeur de rue, aux tisseurs de palmes qui habillent des sturctures de fer forgé qui deviendront des meubles, aux fillettes qui transportent des litres et des litres d’eau sur leur cou tout frêle, toujours, toujours ce sourire éclatant. Je me demande si, au bout du compte, ils ne sont pas plus heureux que moi, que la plupart d’entre nous.

Dieu que j’aime ces gens.

L’Océan Indien enfin

Scruter l’horizon. Voilà un plaisir que nous citadins, avons très peu souvent l’occasion de savourer. Et pourtant, les sentiments d’espace, de grandeur, de liberté même (inconsciemment surement) que regarder l’Océan Indien me procure m’ont amené à changer mon itinéraire quotidien pour aller au boulot. C’est la Marginal que j’emprunte désormais. Cette avenue de 15km ceinture Maputo et se love sur tout le littoral. L’avenue est belle, ses cocotiers marginalement alignés apportent la un air de vacance tout à fait à propos avant de démarrer la journée. Clara aussi adore ce petit circuit matinal qui contribue à notre qualité de vie ici. Voir au loin les dhows sur la baie de Maputo et se rappeler qu’on mangerait bien des crevettes grillées pour déjeuner, apercevoir des prêtres autoproclamés baptiser leurs ouailles dans les eaux de la baie, se faire tss-tsser par des gamins vendant du barracuda, des noix de cajou, c’est selon. Il est 7h30, le soleil est déjà haut sur les bleus de la Baie, et je pars travailler.

lundi 3 mai 2010

Mia et Parceiro

Internet est enfin dispo a la maison. Pas que l'accès à la toile m'ait vraiment manqué. Mais c'est le passage obligé pour donner des news et en recevoir.

Des news je disais. Eh bien il y en a en pagaille. Mais je commencerais par le fait le plus marquant, l'arrivée de deux nouveaux colocs' dans notre appart' : Mia et Parceiro.

Clara les avait "commandés" avant même qu'on embarque pour Maputo. Elle voulait ses petits chats. Les longues semaines passées à l'hôtel n'ont d'ailleurs fait qu'attiser son envie de petits camarades à poil court.

Un jeudi après-midi, arrêté à une intersection, un gamin comme il en existe des dizaines à Maputo, essaie de me vendre quelque chose. Certains vous tendent desz cigarettes, d'autres des Mont Blanc ou des Rolex, certains essaient les adaptateurs électriques Afrique du Sud/Mozambique. D'autres proposent des bouquets de roses, des packs de bière, des fraises et des concombres.Maputo est le paradis du drive in... Non, là, le gamin tend une cage avec deux perroquets multicolores, probablement des perruches géantes braconnées dans la Réserve Spéciale de Maputo toute proche. Je lui fait mon signe de la tête, puis je me rappelle des boules de poil commandées par Clara. On échange nos numéros, le prix est fixé, dans une semaine, Hello Kitties
...

Mia est une petite femelle très active, mimi comme tout. On l'a appelée comme ça à cause de Paper Planes. Quant à Parceiro, le nom veut dire Compagnon. J'avais déjà entendu ce nom quelque part pour un chat et j'ai adoré. Une petite vidéo où ils chahutent un peu suit.

La suite des news dans la semaine. Je vous parlerais de mon appart, de mon trip au Royaume du Swaziland, des news de la pitchoune and so on..

Take care

mercredi 7 avril 2010

Chemises grises et blanches

Curieuse chose que ces policiers en blanc ou en gris. Les uns ont le droit de contrôler la circulation, les autres non. La nuit tombée cependant, les hommes en gris deviennent des hommes en blanc et arrêtent eux aussi à coup de lampe torche et kalash’ en bandoulière (ils rappellent un peu nos soldats Vigipirate).

S’il y a bien quelque chose qui a changé à Maputo, ce sont les contrôles routiers. Sporadiques il y a dix ans, ils sont devenus la plaie de Maputo de nos jours. L’issue reste invariablement la même malgré tout.

C’était un jour de semaine, je dévalais l’une des principales artères de la ville en direction du littoral. L’avenue est bien connue, c’est la plus belle de Maputo et elle est investie par toutes les Ambassades et autres représentations en quête de prestige. Bien cachés derrière un flamboyant, les hommes en blanc scrutent la circulation à la jumelle, un groupe aux avant-postes et toute une délégation 300 mètres plus loin. Ils doivent être 15 au total. Le compteur de mon 4x4 indique 60km/h. L’agent déboule sur la route et me fait signe de me rabattre.
Garde à vous de rigueur, Madame l’agent me demande mes papiers.

« Boa tarde, vos papiers SVP »
« Boa tarde Madame l’agent, tenez »
« Vous avez été flashé à 68 km/h et la tolérance est à 55. Je vais vous donner une amende de 1000 meticais (environ 25 euros) »
« Ah bon ? Je suis désolé, j’ai du être distrait, et je suis vraiment ennuyé car je n’ai pas assez d’argent sur moi »
« Je vais être obligé de garder vos papiers jusqu'à ce que vous payiez l'amende. Sinon, vous trouvez pas qu'il fait chaud aujourd’hui ? Je préférerais boire un rafraîchissant plutôt qu’être ici »
« Ok, je vais voir ce que je peux faire »

Madame l’agent me rend mes papiers, et j’y glisse un billet de 100.
« 100 ? Vous voyez l’agent aux jumelles là-bas ? Il va falloir que j’aille lui parler pour qu’il efface les données de sa machine. Vous comprenez ? »
« Euh oui je vois, mais voyez, à l’époque, le refresco était à 50, je suis un peu désactualisé là. Combien ça coûte maintenant ? »
« Rajoutez 100 et on en parle plus »
« Ok, voilà pour vous, merci Madame l’agent, muito boa tarde para si »

Je pourrais m’arrêter à cette anecdote. Mais la Police a cela de surprenant qu’elle est surtout active la nuit. Telle la Chouette Hulotte, le Léopard ou le Vampire, la chemise blanche préfère la nuit. Ce qui m’amène a ma seconde rencontre du troisième type.

J’étais en chemin entre deux bars. A bord du Ranger : un pote rencontré à Maputo début 2000 et N. l’amie Moz revue en France l’été dernier. La patrouille nous fait signe de nous arrêter. Contrôle de routine. Papiers checkés, nous reprenons la route. Sur le chemin du retour, vers 2 heures du mat’ une nouvelle patrouille nous arrête.

« Boa Noite Senhor, vos papiers SVP »
« Boa noite Senhor Guarda, les voici »
« Avez-vous bu quelque chose ce-soir ? »
« Oui, un ou deux verres de vin pendant le dîner »
« Très bien, je vais vous faire souffler »

Aïe. J’avais du boire environ 8 bières. Même si le dîner avait été copieux, je n’étais probablement pas en état de souffler dans le ballon. D’autant plus gênant que c’était bien la première fois qu’on me demandait de souffler au Mozambique.
L’appareil ressemblait à tout sauf aux ballons bien de chez nous. Une petite machine de la taille des portables Motorola version 1996 avec un embout plastique interchangeable. L’agent ouvra soigneusement le petit blister en plastique contenant l’embout dans lequel j’allais souffler. J’étais penaut.

« Vous savez comment ça fonctionne ? »
« Euh non pas vraiment, j’imagine que je dois souffler dans l’embout c’est ça ? »
« Oui, c’est bien ça, vous soufflez jusqu’à ce que le signal sonore s’arrête »

(J’ai oublié de dire que mon amie N. plutôt avisée, m’avait filé un chewing gum à la menthe juste avant qu’on m’arrête.)

Premier essai, je souffle tout doucement. La machine renvoie un signal d’erreur.
« Vous devez souffler plus fort »
Deuxième essai, le chewing-gum quasi-collé à l’embout, je souffle un peu plus fort et la machine renvoie le bon signal.
« Si vous dépassez 0,28, vous êtes en infraction »

BIP...

BIP...

BIP...

La machine manifestement flouée, par le chewing-gum, ma corpulence ou mon repas copieux annonce 0,20.

« Voilà vos papiers, bonne soirée Monsieur, et ne buvez plus pour ce soir »

Plutôt soulagé (ça m’apprendra à conduire la nuit), je reprends la route. 1 km plus loin, nous dépassons un pick-up qui roule à 25km/h. Blindé de chemises grises, à l’arrière, le pick-up jauge les fêtards qui, sur la jetée, vident leurs glacières à côté de leurs discothèques roulantes, ou voitures à quéqués. Après avoir parcouru 2 km de plus, une voiture me fait des appels de phare, je ralentis. Le pick-up de la Police me dépasse et me demande de me rabattre.

L’agent armé de sa lampe torche me demande mes papiers.
« Boa noite Senhor Guarda »
« Boa noite Senhor. Les papiers du véhicule SVP »
« Les voilà Monsieur l’Agent, vous voyez, je n’ai pas eu le temps les ranger, on s’est fait contrôler il y a 5mn dans la Baixa »

Tour du véhicule, vérification des vignettes, checkup dans les règles de l’art, les clignos, les feux stop, l’usure des pneus, et mon pays d’origine sont passés au peigne fin. Mon pote assis à côté de moi doit montrer son passeport et son visa. Les chemises grises, même si elles commettent un abus de pouvoir, sont sur les dents.

« Vous pouvez repartir Monsieur »

Merci Monsieur l’agent, merci les chemises blanches et autres griseries de m’avoir fait découvrir ce que sont des contrôles répétitifs en série. Un vrai ressentiment d'atteinte à la liberté. Aussi, j'ai pris ma première Grande Résolution : c’est décidé, dorénavant ce sera le taxi, plus safe et bien moins contraignant !

dimanche 28 mars 2010

Timbales, doïch-ème et le Lounge

Je compose le 9.

« Recepção. »

« Sim, peço chamar um taxi se faz favor »

10 minutes plus tard, la Corolla défraîchie se gare devant l’appart’hotel. 890.000 bornes au compteur déclare Sérgio fier de son tacot. Il ne détient pas le record absolu, mais c’est quand même bien honorable.

« Rua de Arte se faz favor ».

Là-bas m’attendent quelques amis de la belle époque, dont un couple qui s’envole le lendemain pour la Suisse. C’est ça aussi le Mozambique, des amitiés qui se font et se défont au gré des missions, l’aéroport en majuscule et en point final.

La « Rua d’Arte » porte bien son nom. Il s’agit d’un bar en plein air qui occupe une petite rue dans le quartier historique de Maputo. De jour, de petits commerçants s’y affairent, et la nuit, c’est le hotspot de la « música ao vivo », traduisez musique live.

A l’entrée de la rue on m’annonce que ce soir, c’est les « Timbila Muzimba » qui se produisent. Je connais ce Groupe qui fusionne les rythmes traditionnels mozambicains avec des sons occidentaux. Il faut dire que leur renommée a dépassé les frontières, TM s’est déjà produit un peu partout sur le globe. La rue ne s’y trompe pas et se dandine aux rythmes des timbales et du couple basse-batterie relativement efficace. C’est dans cette ambiance que je retrouve mas amis et deux trois connaissances rencontrées depuis mon arrivée.


Aperçu des Timbila Muzimba sur scène

Quelques 2M (prononcez doïch-ème) plus tard, je fait déjà connaissance avec d’autres personnes. La 2M fait son office. Bientôt, je me la joue Barney dans HIMYM et sors quelques répliques bien retenues qui font mouche. En avais-je vraiment besoin ? « This is Mozambique ». Deux heures plus tard, mon couple d’ami décide de prendre la poudre d’escampette. Leur vol est à 14h et il reste les valises à faire.

Pas de problème, mon nouveau wingman nous embarque à 120 km/h dans les rues de Maputo, direction le Lounge, sa piscine, sa piste de danse en plein air et sa house métissée.

Maputo by night a changé. Pas l’esprit, juste la population. Le Lounge ressemble au nouveau clip de Jay-Z. Je suis sur FTV version africaine. J’ai mal aux yeux et mes oreilles sont en extase. Le son est bon, j’ai de beaux restes en Kizomba. I’m back. J’avais oublié comment était Maputo by night. Un mot, un seul, « legen... wait for it ...dary » comme dirait l’autre.

La plage du « A », des fœtus et puis s’en vont


Il a plu aujourd’hui à Maputo. C’est la deuxième fois que ça arrive en 10 jours, et le deuxième dimanche de rang. Ca ne s’invente pas, à Paris aussi on a le même problème. Une chaleur torride toute la semaine et dimanche… de la flotte. A croire que l’univers s’acharne contre le dimanche.

J’avais pourtant promis à Clara d’aller à la plage du « A ». Enfin, la plage de Macaneta. Mais pour Clara c’est la plage du A. Cela mérite une petite explication.

« Papa, on peut se baigner ? »
« Euh non chérie, l’eau est trop sale dans la baie de Maputo. Pour se baigner dans la mer, il faut aller à une plage plus au Nord ».
« Ah bon et elle est loin cette plage papa ? »
« Je te montrerai sur une carte pitchoun’ »

Rentrés à l’hôtel, je sors une carte du Mozambique avec le découpage des Provinces/Régions.
« Regardes la carte, la plage se situe à peu près là »
« Ah OK, c’est à côté du A ? » (elle pointait le A de la Province de Maputo)
« Oui pitchoun’ c’est ça, juste à côté du A »
Dans la semaine, Clara, me demande quand est ce qu’on va à la plage du A ? Pas capté sur le moment puis ça m’est revenu, la plage du « A ». C’est mignon.

Bref, réveil tardif, déjeuner au Maputo Shopping Center, et visite du Muséum d’Histoire Naturelle de Maputo. Rien d’exceptionnel dans ce musée, juste des animaux de la savane, empaillés, quelques poissons, une chèvre à deux têtes et une collection de papillons assez jolie. Clara avait particulièrement peur des fauves.

Le clou de la visite pour elle fut sans conteste les fœtus d’éléphants. En 1934, les portugais avaient décidé d’éliminer les populations d’éléphants autour de Maputo (Lourenço Marques d’alors) pour étendre les terres arables. Environ 2.000 têtes furent abattues. Un naturaliste qui traîna par là en profita pour conserver des fœtus d’éléphants à différents stade de gestation. Le Musée de Maputo conserve ainsi 6 ou 7 fœtus dans du formol.

Promis Clara, si l'univers ne conspire pas contre nous, nous irons à la plage du A la semaine prochaine, ou peut être au Kruger, voir de vrais animaux. Mais ça c'est une autre histoire.


dimanche 21 mars 2010

Magic Mouse

Spoiler : ce poste révèle toute la vérité sur la petite souris. Passez votre chemin si vous ne voulez pas savoir.

Tout est magique au Mozambique. C'est l'Afrique. Du guérisseur qui affiche en 4x3 la liste des maladies qu'il soigne, à côté de son 06 (euh 082 ici), en passant par les couleurs et la profondeur des cieux (Dieu qu'elle est épaisse la couche de pollution en RP), jusqu'aux petites souris besogneuses qui, ici aussi, passent sous l'oreiller des petits pour ramasser les dents de laits en échange de pièces, ou de billets, c'est selon. Clara l'a bien compris, l'Afrique c'est magique. Et c'est bien pratique pour les parents :p

Revenons en arrière de quelques jours. Nous étions au Mundo's avec la pitchoune. J'avais commandé un chicken burrito double gras (copyright Lavignasse) et Clara attendait son "nuggets com batata frita". Cela faisait quelques jours qu'elle me signalait que ses deux incisives bougeaient. Et l'une delle faisait des 360° dans sa bouche, elle en était arrivée au stade ou elle ne pouvait plus croquer correctement. Galère avec des nuggets.
"Papa, tu peux m'enlever ma dent STP?"
"Euh oui ma chérie, mais pas avant qu'on soit à l'hôtel, ça risque de saigner un peu".
"D'accord, pasque la dent elle m'embête, j'arrive pu à manger".

De retour à l'hôtel, face au miroir, j'explique à Clara que je vais appuyer d'un coup sec sur sa dent et qu'elle va tomber. Je lui rappelle que ça risque de saigner un peu mais que ce n'est pas grave. C'était sans compter sur la phobie du sang exacerbée qu'ont les enfants à cette âge là.
Une fois l'impulsion brève assénée à l'incisive, la gencive s'est mise à saigner fortement (et je rappelle que Clara se voyait dans le miroir). Les pleurs ont éclaté pendait que je disais à Clara de cracher dans le lavabo. Je croyais que c'était le sang qui la faisait pleurer, mais elle était surtout préoccupée par sa dent.

Merde, ou était la dent. "Craches Clara, craches". Mais on ne voyait pas la dent. La dent était déjà dans l'oesophage quand Clara se mis à hurler de plus belle. Shit, montée d'adrénaline, que faire.
"Pas comme Gauthier, papa, pas comme Gauthier"
NB: Gauthier, son petit camarade de maternelle en France, avait avalé sa dent pendant la récréation, cela avait traumatise tous ses petits camarades.

But off course, Mozambique is magic. En bon père de famille, j'avais gardé précieusement les autres dents de Clara, de e surcroît, elles étaient dans la valise. Petit doigt plaqué sur mon oreille, j'écoutait la petite souris pendant Clara pressait sa gencive avec du Sop'. D'un coup, la curiosité pris le pas sur le dramatique de la situation. Mes acquiescements à la voix imaginaire l'avait détournée de la dent avalée:

"Clara, la petite souris vient de parler à mon petit doigt"
"Ah bon? et qu'est ce qu'elle a dit?"
"Elle dit qu'elle peut faire réapparaître ta dent dans la salle de bains"
"Ah bon, mais comment elle va faire pour la sortir de mon ventre?"
"C'est magique Clara, les petites souris sont magiques au Mozambique"
(c'est énorme, je ressortirais la magie, c'est sûr)

Après un tour de passe passe, la dent solidement emballée disparu de la valise pour se retrouver sur le lavabo de la salle de bains.
"Viens Clara, je crois que la dent est dans la salle de bains"
"Nan c'est pas possible, elle est dans mon ventreeeuuuhhh (recrise de larmes)"

"Papa, papa, j'ai retrouvé ma dent"
"Oui ma chérie, tu vois je te l'avais dit, les petites souris sont magiciennes ici".
Enorme sourire sur le ce visage en larmes.

"Papa, je préfère les petites souris africaines, elles sont magiques".
Hell yeah ma chérie, vive l'alibi fourre-tout de la magie :-D
Le drame a été évité de justesse.


Clara moins une incisive, le visage encore marqué par les pleurs


Les souris mozambicaines donnent des billets de 50 méticais

From Vegas to la « Journée de la Francophonie »

C’était hier la journée internationale de la francophonie. Cette journée est traditionnellement précédée d’événements en tous genres. Dans le microcosme de Maputo, ce sont des expos, des projections, une kermesse et un tournoi de foot fort sympathique qui ont célébré la francophonie. L’info qui tue tout de même, le français n’est que la neuvième langue parlée dans le monde. J’aurais pensé mieux. Passons.

A mon niveau, ma participation s’est limitée au tournoi de la Francophonie. 16 équipes en tout genre qui s’affrontaient, avec 6 joueurs de champs et un gardien, sur des terrains format handball. Mon arrivée tardive à Maputo ne m’a pas empêché de trouver une place dans une équipe. Et quelle équipe : l’équipe de Belgique rebaptisée l’équipe des trappistes une fois. C’est donc sous les couleurs d’outre-Meuse que j’ai participé à ce tournoi réunissant toutes les nationalités. Notre poule était constituée de l’équipe du Maroc, du Portugal et de TIM, une équipe mozambicaine représentant une chaîne de TV locale. Verdict ? Deux victoires, un nul contre les portugais et un bon coup de soleil malgré la crème niveau 30. Une reprise de volée contrée (qui m’a valu d’être affecté au poste d’ailier droit les matches suivants :-p) et quelques passes parfaitement réalisées. Ca n’a pas suffit face à une équipe marocaine qui visiblement s’entraînait depuis un petit moment pour ce tournoi (perdu 1-0), et des mozambicains très physiques et réalistes (4-1). Tournoi très sympa somme toute, à refaire l’année prochaine avec un peu plus d’entraînement si on veut passer les poules :-D

En parlant d’entraînement, ceci s’adresse à mes partenaires hold’em restés en Métropole. J’ai depuis mon arrivée, participé à une soirée cash game hold’em no limit, cave à 25€. Furax les manos, ça mise dans tous les sens et il y a peu de place au bluff (ce que je reproche généralement au cash game d’ailleurs). Toujours est-il qu’il y a eut lors de cette soirée, un paquet de full, de couleurs, un carré, et un rythme de jeu acharné. Les gars ici jouent avec deux jeux, pendant que le dealer distribue, le joueur à sa droite mélange l’autre paquet, ce qui permet d’enchaîner les parties sans temps mort. « Pot is right », ah oui, j’oubliais, in english por favor. La table de 8 joueurs était composée de non-francophones dont un russe plutôt intimidant et une française de bon niveau. Je me suis senti comme de la bleusaille tout en sortant mon meilleur poker depuis bien longtemps. Ce qui n’a pas suffit, je me suis fait nettoyer par un mec en veine qui coup sur coup me sort, malgré mes KK et AK de cœur. J’ai super bien joué mais il a eut de la chance comme dirait mon bro’ resté à Argentueil :p On fera mieux la prochaine fois.

Home away from home

J’aimerais pouvoir le dire, mais non, je ne me sens pas encore tout à fait chez moi. Mes affaires n’arrivent que mi-mai, et en attendant, pas trop le choix, c’est hôtel ou hôtel. J’en ai changé, tout de même. J’étais dans un beau complexe hôtelier avec piscine énorme et tout le tralalala des 4 étoiles. Mais je n’avais qu’une chambre et une SDB. Vive donc le VIP Executive Suites et ses deux pièces. Au moins temporairement.

Cela ne m’empêche pas de poursuivre les visites d’appartements, et… des maisons avec jardin. Sisi, ça se trouve avec le budget que j’ai, (3000 dollars par mois). J’ai visité maisons avec jardin, et une maison avec piscine près du marché au poisson. Mon rêve de maison avec deux chats et une piscine reprend des couleurs :-D C’est normalement 200m² mini, avec 4 chambres dont deux avec salles de bains privatives, « ensuite » comme on dit ici. Bref, de quoi accueillir la famille et les amis.

Je reste quand même un peu sonné par les prix de l’immobilier ici. Car si un expat a du mal à trouver un appart avec un budget à trois zéros en $$$, comment fait la classe moyenne émergeante pour se loger? « Paciência » c’est bien là un sacré problème, créé en partie par la communauté expat, ses investissements et ses aides internationales. Je me souviens qu’en 2000, une villa dans le quartier résidentiel le plus recherché de Maputo tournait autour de 1500 USD par mois. La même, 8 ans plus tard, est louée environ 4000 USD minimum, 60 fois le SMIC mozambicain… La communauté expat a grossi, la classe moyenne mozambicaine également, et les grands propriétaires fonciers n’ont fait qu’accumuler des propriétés financées par les expats.

Jugez plutôt. Si j’achète un appartement 180.000 USD et que je le loue au prix du marché, soit 1500 USD, en empruntant 150.000 USD et avec un apport de 30.000, je peux emprunter sur 11 ans et couvrir mes remboursements par les loyers perçus. Sachant que la valorisation immobilière a été de l’ordre de +17% par an à Maputo depuis 2002, on peut raisonnablement penser qu’un appart acheté aujourd’hui continuera à s’apprécier d’au moins 5% par an au moins durant le mandat du Président actuel (soit jusqu’en 2015). SI j’achète 180k aujourd’hui, je revends donc 200k en 2012. A un TEG de 5%, je récupère 17k$ en 3 ans, pour 30k$ investis (j’oublie volontairement les taxes sur plus values immos). Mmmm, on comprend mieux comment fonctionne l’immobilier à Maputo. Et on imagine les pepettes réalisées par les petits malins qui ont investi en 2000, lorsque le même appartement valait 50.000 USD :O :O Ce qui me donne d’ailleurs quelques idées. On verra plus tard.

mercredi 10 mars 2010

Check in - check out

Gauloises Airways

On pourrait aisément penser qu’avec les tarifs prohibitifs pratiqués par notre chère compagnie nationale, l’excédent de bagage ne serait qu’une simple formalité, surtout sur un vol intercontinental. Que nenni, nada ! 1 sou est un sou, et un kg est un kg. Je ne connais pas le taux de change sou/euro, mais chez Air France, 1kg d’excédent = 30 euros.

CDG E, hall 7. « Pas de problème Monsieur Baptista, vous pouvez régler votre excédent avec vos miles ». Super, ça tombait bien, il m’en reste un paquet, et les porteurs de cartes flying blue savent bien qu’acheter un billet prime avec ses miles reviens à se prendre un billet chez Easyjet. Autant payer le supplément de bagages avec, et garder les 540 euros réclamés. « Désolé Monsieur Baptista, nous n’avons pas d’accords avec South African, vous pouvez payer avec vos miles mais vos bagages n’iront que jusqu’à Jo’burg » répète inlassablement la tête à claque chargée des encaissementschez Air France. « Je ne peux rien faire à mon niveau, voyez avec la Leader chargée des enregistrements. Foutage de gueule ? Oh que oui. « Si vous videz votre valise dans les sacs plastiques Air France et que vous les trimballez en cabine, nous ne vous facturerons pas de supplément ». Vive les leader Air France et leur sens du commerce. Va pour les sacs plastiques… et l’étiquette qui va avec : au barrage de sécurité, « vous allez à Moscou ? »… manouch’touch sur le front, on arrive enfin à bord de notre avion.

Hoyo Hoyo - Bienvenue au Moz

Après une brève escale à Johannesburg où un Mandela géant nous a accueilli, le hoyo hoyo mozambicain allait prendre toute sa signification. Sourires à la douane, accent du soleil, température dépassant les 30°c, « Epá » en pagaille, iiiisssshh, que c’est bon de retrouver la « Terra da boa Gente ». Installés dans un complexe avec piscine, salle de sport, spa, Clara et moi nous remettons progressivement de l’épisode sacs plastiques. Cela ne fait pas 24h qu’on est là, et on a déjà visité deux maisons, l’école française, bu quelques 2M, mangé du poisson, repris contact avec de vieilles connaissances, retrouvé le sourire figé que portent les expats ici. On se sent bien. Moooçççambiquiiiih, é maningue nice (traduisez Mozambique, c’est d’la bombe de balle de boulette, ou en français, c’est terrible !).

L’école française

L’ école de Clara dépasse toutes nos attentes. Leur site web n’est pas à jour. Au programme pour elle, des cours en Français deux jours et demi par semaine, et en anglais ! le reste du temps. Les instits sont titulaires de l’Education Nationale, assistés par des ATSEM bilingues anglais et/ou portugais. Ma pitchoune va donc repartir trilingue du Moz. Quant aux installations de l’école, breathtaking comme on dit chez les sudafs. Piscine semi-olympique à l’air libre, salles de sport en veux tu en voilà, matériel dernier cri, salle informatique et médiathèque bien achalandée (j’y ai repéré quelques BD ;-). La classe de Clara est très métissée, 14 nationalités sur 21 élèves. La classe de grande section de maternelle est chargée rappelle rappelle le commercial/directeur de l’école, mais une nouvelle classe de CP va ouvrir l’année prochaine, ils seront moins de 15 par classe dit il non sans une certaine fierté. Hum, dois je lui parler de l’épisode de la rentrée 2009 où l’Education Nationale voulait fermer une classe dans l’école de Clara ? Pas la peine d’insister Monsieur le Directeur, je suis convaincu, Clara va être très bien dans cette école.
Quant aux logements, hum, rien à voir avec 2002. A moins de 2500 doll’, t’as plus rien. Mon rêve de maison indépendante avec 4 chambres prend donc fin. A moins d’accepter la mitoyenneté, mais dans ces cas là, autant prendre un appart en plein centre avec vue sur Mer. Je n’ai vu que 2 maisons pour l’instant, j’en vois d’autres demain. Suite donc au prochain numéro.

« Até munzunco » comme on dit ici.

PS : je chargerais des photos quand j’aurais une bande passante un peu moins pourrave.

dimanche 24 janvier 2010

De Toussaint Louverture à Ngugunhana...

Au mieux, les amateurs du genre se rappelleront d'un titre de Carlos Santana qui portait ce nom (mal orthographié d'ailleurs). Mais pour la plupart d'entre nous, Toussaint Louverture, si la sonorité est bien de chez nous, est un nom proprement inconnu du quidam moyen.

Il mériterait pourtant quelques paragraphes dans nos manuels d'Histoire. Car cet haïtien né esclave à la fin du XVIIIè, eut quand même l'outrecuidance de defaire notre cher Napoléon. Devenu Général, Louverture fut le premier noir à s'ériger contre les colons. Il réussit, jugez plutôt, à faire voter une constitution autonomiste sur l'île dont il était parvenu à se faire élire Gouverneur : la future Haïti. Déporté en France où il finit par mourir, Toussaint Louverture lègua un héritage à ses contemporains, un pays libre nommé Haïti (indépendant depuis 1804).

Si Toussaint était encore des nôtres, il ne laisserait certainement cette représentation se jouer sur son Île, ce spectacle au goût de déjà vu retransmis en HD sur le reste du Globe.

Haïti, nouvelle représentation dans la tournée du "jeu de dupes"

On peut le voir comme ça. Je ne vais pas m'attarder sur la dramatique catastrophe naturelle qui a dévasté le pays. Je pense que nous avons tous été suffisamment horrifiés par les images plutôt racoleuses qu'on nous servait à dîner.

Non, ce qui me choque par dessus tout dans ce drame, c'est cette énième représentation du jeu de dupes... Celle qui se joue à ciel ouvert, au grand jour, sur une scène jonchée de ruines et de membres. Toute la géopolitique est là. Elle se bouscule en Haïti comme on joue des coudes sur les marches cannoises. Chaque pays y va de son émissaire, son cortège d'officiels et autres inutiles, pour se rendre compte de la situation sur place. Ces gens n'ont visiblement pas la tv... Et quand un cadre de Médecins sans Frontières s'insurge sur France Info que son matériel médical survole Port au Prince pendant des heures car les officiels, eux, ont la priorité pour atterrir, je serre les dents pour ne pas tout rendre...

La suite on la connaît, Ngugunhana à sa manière était lui aussi un Toussaint en son époque. Il se passe à peu près la même chose dans son pays.

L'aide au développement... pour qui?

Donnez qu'ils disent. Donnez pour les haïtiens. Traduisez "prenez, prenez aux haïtiens". Le système est bien rôdé. J'y reviendrais certainement dans d'autres posts, avec des anecdotes vécues in situ. Mais la suite est déjà écrite.

Les luttes d'influences vont s'intensifier en coulisses. Un seul objectif, et un seul : être le Maître à bord. Diriger les opérations humanitaires pour mieux amadouer l'opinion internationale, la population locale, et diriger le pays plus tard (et si on évite les exodes massifs c'est bonus). Attirer des fonds pour le développement pour mieux subventionner discréto les fleurons de l'industrie nationale...

Haïti? Une page géopolitique de plus qui s'écrit, la même, rien de plus.

Je finirais par un post assez touchant que j'ai trouvé sur le blog du figaro.

C'est désespérant, on ne peut rien faire quand on est loin de ce désastre, sauf envoyer de l'argent, prier, essayer de sonder pour soi-même et pour autrui jusqu'à quels abîmes le malheur peut enfoncer un individu ou un pays. Haïti vient nous rappeler brutalement certaines vérités que nos sociétés modernes chloroformées ont oubliées : l'existence est tragique et nous ne serons jamais armés pour bien y faire face. Tout au plus pouvons-nous ériger quelques protections, vite balayées.
Tant de victimes et aucun sens à donner à cela. Ça aurait pu être moi, vous, nous. Prions pour qu'elles ne soient pas mortes en vain et qu'il y ait quelque part une miséricorde que nous sommes bien incapables de voir. Que chacun, à la place qu'il occupe dans le monde, si modeste soit-elle, accompagne ces âmes et les survivants traumatisés. Amen.


Paix à ton âme Toussaint Louverture, et aux dizaines de milliers de tes contemporains morts sous les décombres.

vendredi 22 janvier 2010

Maputo, l'Afrique Mosaïque

Pour ceux qui n'auraient pas la chance de connaître cette ville si particulière, je recopie ici une invitation au voyage particulièrement réaliste. J'aurais tout le loisir de venir agrémenter ce blog de mes propres photos et expériences dans les prochains mois. En attendant, ça donne envie nan? ;-)



Certains l’appellent « la New York de l’Afrique ». Mais on lui trouve aussi des airs latins. Capitale du Mozambique, perchée au sud du continent noir et bercée à l’est par l’océan Indien, Maputo mélange insolemment les genres. Elle porte les traces d’un passé colonial, puis socialiste et présente plus d’une facette au voyageur qui s’y arrête. La plupart des routards y font juste étape avant de filer vers les plages du Sud. Elle mérite pourtant plus qu’une halte.

Avenues Karl Marx et Hô Chi Minh
Elle a le regard tourné vers la mer, vers l’avenir. Mais Maputo a aussi un lourd passé à oublier : des années de colonialisme et de guerre civile. Aujourd’hui, elle montre les yeux rieurs d’une ville qui a repris le dessus et qui porte l’économie d’un pays classé parmi les plus pauvres du monde. L’ancienne Lourenço Marques, du nom du navigateur portugais qui, un jour de 1545, a jeté l’ancre dans sa baie, est une capitale moderne. Érigée sur une falaise, elle surplombe l’océan Indien, fière de son dynamisme retrouvé. La guerre n’est pourtant pas loin : 1992 en a marqué la fin. Une guerre civile qui, pendant dix-sept années, a opposé le gouvernement à l’idéologie marxiste du Frelimo au Renamo, parti de la Résistance nationale mozambicaine. Son passé communiste, Maputo ne le renie pas. Les noms de plusieurs de ses avenues y font clairement référence : Mao Tsé-Toung, Karl Marx, Hô Chi Minh, Vladimir Lénine, ou encore Eduardo Mondlane, père spirituel du Frelimo. Mais la ville, reconnaissante, n’a pas effacé non plus la mémoire d’autres peuples ou héros qui ont forgé son identité : la rue Marques de Pombal ravive ainsi le souvenir du Portugal, ancien colonisateur ; l’avenue Kwame Nkrumah honore ce chantre du panafricanisme.

Désordres architecturaux

Les longues artères rectilignes, presque toutes bordées d’arbres, flamboyants ou acacias, quadrillent l’espace. Trop stricte, Maputo ? Certainement pas. Car à la rigueur de cette invariable linéarité, ses habitants ont opposé au fil des ans d’autres désordres, tout aussi permanents. Architecturaux, d’abord. Au centre, des gratte-ciel, fils de la révolution capitaliste en marche, côtoient les immeubles de béton grisâtres, construits à la va-vite du temps de l’urbanisation rampante. Sans réelle transition, les beaux restes de la colonisation se laissent découvrir, au détour d’une rue : la gare ferroviaire, aux couleurs vert pastel et aux structures en fer forgé intactes, en est un des meilleurs exemples. Le bâtiment a été construit en 1910 d’après les plans de Gustave Eiffel. Comme la « casa de ferro » (maison de fer), à quelques pâtés de maison, qui devait servir de résidence au gouverneur, mais dont les façades de métal se sont révélées inadaptées au climat tropical. Sans lien non plus, la cathédrale moderne, Notre-Dame de la Concession, construite en 1944, s’érige, immaculée de blancheur, semblant vouloir percer de son clocher la pureté du ciel azur.

Crevettes et piri-piri

Dès que l’on s’éloigne du centre, les lois de l’Afrique reprennent le dessus. Cases et huttes en bambous, maisons en tôle défoncées abritent une vie grouillante et bruyante. Car l’autre désordre, c’est celui de la rue, de son excitation, de son agitation. Sur chaque avenue, des petits vendeurs vous hèlent, essayant de vous vendre tout et n’importe quoi : montres, rasoirs, coton, prises électriques ou même soutiens-gorge. Sans oublier les batiks, ces tissus teints qui égaient les rues de leurs couleurs vives et motifs africains. Les chapas, minibus bondés faisant office de transports en commun, peuvent aussi vous offrir, pour quelques meticais, la monnaie locale, un trajet dans une Maputo sonore qui paraît soudain si vraie et dénuée de clichés. Leur point de ralliement : la Baïxa, ville basse et centre névralgique. C’est entre ces quelques rues, dont les maisons ont abrité les premiers négociants d’or et d’ivoire, que la capitale s’illustre notamment par son dynamisme commercial. À quelques encablures, les habitants discutent les prix des produits au marché central, repaire d’odeurs d’épices et de scènes de vie pour le touriste en quête de « couleur locale ». Les noix de cajou grillées, salées, rougies au piri-piri, le piment vedette s’achètent à des prix défiant toute concurrence. Les crevettes, langoustes et poissons fraîchement pêchés se monnaient âprement. Le port n’est pas loin.

L’antre du poisson frais
Mais le vrai royaume des fruits de mer, le « marché aux poissons » ou « mercado de peixe » exige, lui, une balade en bord de mer. On le découvre sur la route de Costa do Sol, au nord de Maputo, après vingt minutes de marche environ, en longeant la plage. Le dimanche après-midi, des groupes de jeunes Mozambicains jouent au frisbee ou au beach-volley sur le sable blond, avec en fond de décor une rangée de palmiers et de gratte-ciel, dominant une mer aux reflets argent. Pas la peine d’arriver au marché avant 17 h. Car c’est en fin d’après-midi, lorsque le soleil décline déjà, que les pêcheurs reviennent avec le précieux poisson frais. Là aussi, on discute ferme. Le touriste distrait se fera peut-être duper par une marchande filoute qui tentera de lui vendre une langouste congelée. Mais la gouaille des commerçants, derrière leurs étals de bois, ne manquera pas de le charmer. Et pour tester sans attendre sa marchandise, il pourra se livrer aussitôt à une dégustation dans l’une des buvettes adjacentes. Les poissons et fruits de mer y sont en effet grillés, moyennant une contribution pour le service et le couvert. Isaura, mozambicaine de vingt-sept ans et professionnelle du tourisme, considère l’endroit comme le meilleur restaurant de la ville. L’air marin atténue la chaleur ambiante, faisant doublement apprécier la saveur des mets.

Catembe, l’autre rive

Le charme de Maputo tient pour beaucoup à cet océan qui la berce. Afin de mieux l’apprécier, direction Catembe. Situé de l’autre côté de la baie, ce village se révèle une excursion très prisée des citadins le week-end. On y accède par un bac, qui part de l’embarcadère situé dans la Baïxa. Les voitures y sont savamment entassées. Aucun espace ne doit se perdre. À l’arrivée, des dizaines de femmes attendent sur le ponton, leur tête droite supportant sans faillir les bassines de marchandises qu’elles vont transporter en ville. Le plus beau cadeau du village de Catembe, c’est la vue qu’il offre sur Maputo. Celle d’une capitale résolument moderne, dont les immeubles blancs regardent haut vers le ciel. La « New York de l’Afrique », ourlée de cocotiers. Quelques Mozambicaines défilent en maillot de bain sur la plage, sous l’œil amusé des pêcheurs. Nul n’ose se baigner dans une eau que les cargos, régulièrement, traversent. Et le temps passe, sans que l’on y prenne garde. Il faut rester à Catembe le soir. Car le lieu prend alors des airs de fête. Près de l’embarcadère, les Mozambicains se rassemblent autour de cases en bois, où l’on trouve exclusivement de quoi se rafraîchir le gosier. Une bonne occasion de tester la bière locale, la Laurentina, blonde et savoureuse. L’espace réduit d’une maisonnette attenante se transforme en piste de danse. La musique et l’alcool appellent les plus récalcitrants. Il est à peine 20 h.

Maputo, la rieuse

À Maputo, on se lève tôt, mais on peut aussi se coucher tard. Sa vie nocturne particulièrement active est réputée dans la région. Des groupes se produisent régulièrement, en fin de semaine, par exemple à l’Africa Bar et au Gil Vicente Café. Les Mozambicains reprennent alors les paroles des chansons en chœur, comme dans une grande fête populaire ; les corps, évidemment, se déhanchent. Un air de bonheur flotte. Le touriste aussi est invité, sans distinction. On l’a compris, à Maputo, c’est le mélange des genres et c’est tant mieux. L’esprit de la fête se transmet par la musique, mais aussi par les sourires. Personne ici n’en est avare. Et pas seulement les soirs de réjouissance. Maputo est naturellement joviale, et ses habitants facilement accessibles. Il suffit pour s’en convaincre d’engager des conversations, au hasard des rencontres. Vous ne parlez pas portugais ? Essayez l’anglais, l’espagnol ou le langage des signes. À coup sûr, vous gagnerez au moins un sourire, ou un éclat de rire qui vous touchera par sa sincérité.

Des armes œuvres d’art
Et sans devoir parler, il est un lieu à ne pas manquer : le Nucleo de Arte. Cette villa, qui abrite l’association des artistes mozambicains, est régulièrement le théâtre d’expositions. C’est là que l’on découvre surtout un projet étonnant, initié à la fin de la guerre civile par le conseil catholique du Mozambique : les sculpteurs du collectif ont été chargés de transformer les armes qui ont servi à tuer en objets d’art. Résultat : fusils d’assaut et armes de poing ont donné vie à des motos, robots ou autres animaux. Les œuvres ont déjà été présentées dans plusieurs pays du monde, où elles ont reçu un accueil à la hauteur des espérances de leurs concepteurs. Dans un atelier jouxtant l’ancienne maison coloniale, des artistes contemporains, peintres, sculpteurs et plasticiens se retrouvent chaque jour pour travailler, mais aussi refaire le monde. Falcão, vingt-huit ans, est un de ceux-là. Il vient ici tous les jours pour peindre et dit vendre des toiles « de temps en temps ». « Nous avons la chance d’avoir un endroit comme celui-là pour nous exprimer », estime-il. La guerre est toujours là, bien présente. Le sang et la violence reviennent souvent dans les tableaux et l’imagination des artistes. Il faut encore exorciser. Mais Falcão se sent investi d’une mission : « Ici, on ouvre l’esprit des gens ». Et pas seulement celui des Mozambicains.