mercredi 2 juin 2010

Alfândega e Migração

Traduisez Douanes et Immigration.

Il m'est arrivé un truc assez fendard. Une aventure comme seule l'Afrique (à ma connaissance) sait en offrir.

Je vous ai raconté que j'étais allé au Swaziland début Mai? Eh bien, en sortant du pays, j'avais embarqué le passeport de Clara pour le faire tamponner, même si la pitchoune ne m'accompagnait pas. C'était d'ailleurs passé comme une lettre à la poste (j'avais raconté que la petite roupillait dans la voiture...).

Bref, je ne sais pas vraiment pourquoi, oh puis si, cf mon post "busy, busy", mais j'ai complètement zappé que mon visa arrivait à expiration le 1er Juin. J'étais convaincu que c'était le 4 et j'avais déjà prévu un aller/retour à la frontière cette semaine pour en avoir un tout beau tout neuf. Mais ce matin en regardant les dates, c'était bel et bien le 1er Juin. Le 2 juin est donc ma première journée de clandé au Moz...

Bref, je demande à ma super comptable qui a des entrées à la Direction de l'Immigration si elle peut faire quelque chose. Après quelques coups de fils, T. revient vers moi et m'annonce qu'il n'y a qu'une solution, me taper les 70 bornes de routes sinueuses et cabossées pour rejoindre Namaacha, ville frontalière où on règlera mon souci. Soit. La journée était chargée, j'irais à 17h, juste à temps pour rejoindre la frontière avant quelle ferme.

Je n'aime pas conduire la nuit au Mozambique, et ici en hiver, il fait nuit à 17h30. A moi les camions sans feux et les riverains habillés en sombre que même en pleins phares tu les vois pas quand ils traversent.

J'arrive à 19h15 à la frontière. J'explique la situation à la douanière qui me dit :

"Mon fils, tu vas te prendre une grosse grosse amende" "Non seulement tu es clandestin au Mozambique depuis 24 heures mais en plus tu me demandes de tamponner le passeport de ta fille alors qu'elle ne t'accompagne même pas. Tu vas dormir ici mon fils."

Bon, j'ai l'habitude de cette technique de négociation où la partie adverse te dresse un tableau tellement noir, que tu trouveras la proposition qui suit excellente alors que tu te fais bien carroter. Elle continue.

"Si tu veux que je te dépannes, c'est 3000 par passeport et je te refait un visa ni vu ni connu avec les tampons qui vont bien".
Wow, ça fait quand même 150 euros au total. Elle n'y va pas de main morte la mémère (qui soit dit en passant, s'exprime haut et fort au milieu de ses collègues qui ne bronchent pas vraiment, la corruption, le "jeito", l'"ajuda", c'est normal ici).

A coups de "tà bom, tou a pedir" et autre petites serenades épicées en sourires convenus, j'arrive à tomber l'addition a 3000.

"Soit, maintenant va faire tamponner tes passeports côté Swazi..."

Merde, ça ferme dans 10 minutes. Et je dois y aller à pied si je veux éviter les formalités douanières de la voiture.... Me voilà à courir en chaussures de ville dans le no man's land qui sépare les deux pays.

Côté Swazi....
"Good evening Ma'am. Left my child with her mom on the other side. Did not want her to run with me."
"OK BUT YOU MUST PAY".

La messe est dite. Va pour 50 emalangeni (5 EUR) et les tampons entrée/sortie qui vont bien... Le Swazi serait contaminé par le Moz?

Retour côté Moz, un peu essouflé par cette cavalcade nocturne. Ma douanière préférée me branche et me demande si je n'aurais pas un parent à lui présenter. Les visas sont en préparation, elle a du temps à tuer. Elle est un bon parti selon elle, possède trois maisons près de Maputo, est véhiculée, a trois enfants. Elle est veuve et a un petit penchant pour le pinard (ce que ses collègues confirment bien volontiers en parlant plutôt de whisky). Elle dit manquer d'affection, et ses collègues se marrent. Une petite dispute éclate entre deux douaniers visiblement amants, des remarques fusent. On se croirait dans un troquet, une barraca. La scène dure 20 bonnes minutes. On se raconte nos vies. Tout le monde se marre.

Ma douanière préférée me demande ensuite de lui présenter un "madala" (vieux) de mon entourage. Quelqu'un qui aurait besoin d'etre entretenu (!) mais qui lui donnerait beaucoup d'affection en échange. Elle me demande de la prendre en photo avec mon téléphone et insiste à me donner son 06. Elle veut que je lui présente mon darron ou un oncle. Je ne mettrais pas la photo ici, mais la coquine a même censuré les mauvaises prises. On croit rêver ! On papote, on rigole, les douaniers se taquinent entre eux, c'est la fin de journée et tout le monde est content de m'avoir chipé mes 3000. Je repars avec mes visas sous le bras avec le sentiment tout de même, que ça aurait pu être bien pire, (j'aurais probablement payé le triple à Maputo) et Dieu que je me suis marré.

Sourire aux lèvres, je repars avec un reçu pour le bakchich que j'ai du lâché (faut pas pousser c'est quand même à la boite de payer), et avec la paradoxale sensation d'avoir passé un bon moment à me faire taxer...

Bien le bonsoir amis lecteurs.